En octobre, le Rezo des Fondus fête ses 4 ans. Au travers d’un réseau social en ligne et d’événements sur des thèmes phares du monde du travail, il est devenu une « institution » du territoire, réunissant plus de 33 000 followers et 5000 participants par an lors des événements. Où en est le développement de ce pari de “digital local” lancé avant la crise sanitaire ? A-t-il évolué en termes de services ? Comment les professionnels de la région se sont approprié l’outil ? Et quelles sont les ambitions pour la suite ? Rencontre avec sa fondatrice, Claire Gadroit.

Avez-vous le sentiment d’avoir été visionnaire en annonçant déjà haut et fort qu’il était essentiel de “revenir au local” plusieurs mois avant la COVID ?

Visionnaire je ne sais pas … mais ma hauteur de vue sur le monde dans lequel nous vivons m’a naturellement conduite à anticiper les bouleversements à venir. J’ai travaillé une dizaine d’années en Suisse romande et j’ai constaté que les Suisses étaient très attachés à leur territoire et pratiquaient de façon naturelle le protectionnisme, sans que cela soit un vilain mot. Cela m’a fortement inspirée.

C’est en animant un réseau professionnel en Suisse que j’ai appris le métier d’organisateur d’événements, d’animation de communauté et de création de contenus. J’ai aussi constaté que pour déployer des dispositifs à grande échelle, il était impératif de coupler le physique avec le digital. Quand j’ai eu envie de lancer un projet au service de ma région, créer un réseau social professionnel de proximité m’est apparu comme une évidence pour protéger notre environnement et notre économie. Car déjà en 2019, les individus, les entreprises et les collectivités affirmait leur volonté d’investir davantage leur territoire.

La problématique, lorsque l’on souhaite favoriser le local, c’est de trouver l’information facilement. C’est ainsi que j’ai eu l’idée de lancer ce réseau social professionnel qui permet d’accéder à l’information facilement grâce à un annuaire et un média, et de rencontrer les personnes « en vrai » à l’occasion des événements.

Vous allez fêter la 4e année d’existence en octobre, où en est le Rezo des Fondus aujourd’hui ?

Pour être tout à fait honnête, quand je me suis lancée dans ce pari fou en mai 2019, je n’avais pas de feuille de route ni de business plan ! J’avais une conviction chevillée au corps et le sentiment qu’il était impératif que ce genre de dispositif existe. Je n’avais rien supposé, j’ai travaillé fort c’est certain, mais sans véritablement réfléchir à « l’après ».

On nous dit souvent que le Rezo des Fondus est devenu une institution très rapidement, mais je n’y suis pour rien ! En réalité ce sont les services qu’il propose et surtout les valeurs qu’il véhicule qui ont fait que très rapidement une importante communauté d’individus s’est sentie en phase avec ce qu’il proposait en terme de services, de messages, de proposition de valeur.

Quels services ont évolué ? Avez-vous fait évolué le modèle ?

Les services proposés initialement, à savoir un réseau social professionnel en ligne, des événements, un média et un concours sont toujours ceux offerts à ce jour. Ce qui a évolué le plus, ce sont les événements.

Alors que nous proposions une vingtaine d’événements chaque année depuis le lancement, nous avons souhaité en 2023 opter pour une programmation moins importante en termes de dates mais plus riche en termes de contenus. Cette année, le Rezo des Fondus propose 6 événements de grande ampleur. Tous ces formats sont des créations originales et sont des inédits.

Nous avons en effet pressenti que nous vivions une période complexe et que de nombreux questionnements alimentaient les esprits des professionnels, qui ont besoin de se fédérer et d’apprendre pour trouver des réponses. Nous avons donc choisi de faire un focus sur des thèmes incontournables du moment, comme par exemple l’impact, la fabrication locale, la santé des dirigeants et la mutation du rapport au travail.

Vous lancez également cette année une nouveauté baptisée FREEdom. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

FREEdom c’est un peu mon bébé ! Les personnes qui me connaissent savent à quel point je suis un électron libre, assoiffée de liberté qui n’a jamais su rentrer dans une case ! Parmi mes valeurs fondamentales se trouve la liberté et je m’entoure de personnes qui partagent cette valeur qui m’est chère. C’est ainsi que j’ai eu l’envie d’identifier des personnalités au parcours atypique, résolument libres, afin de les inviter à partager leur récit de vie nourri de cette valeur.

Il y aura 2 éditions cette année et les bénéfices permettent de financer le concours « les Fondus ont du Talent » qui prend de plus en plus d’ampleur. Là aussi c’est un grand bonheur pour moi de voir que ce concours lancé dès les débuts a connu un tel essor et a permis à des dizaines de porteurs de projets d’être sous le feu des projecteurs !

Le Rezo des Fondus est ouvert à tous les professionnels sans aucun engagement. Quelle est donc la part de salariés d’entreprise qui sont actifs dans le réseau ?

Il est vrai qu’en s’appelant « Rezo », on a dès le début été comparé à des réseaux d’entrepreneurs. En réalité il porte ce nom en référence au réseau social qu’il propose sur la plateforme mais il n’a jamais été un réseau d’entrepreneurs  : il s’adresse à tous les professionnels et compte environ 60% de salariés d’entreprise. Pas de réseautage, pas de cartes de visite … on y vient pour apprendre et se fédérer.

Il y a bien une communauté d’entrepreneurs dans le Rezo des Fondus qui sont les candidats du concours « les Fondus ont du Talent ». Ils sont une communauté dans la communauté, qui partagent des valeurs communes et des challenges de même ampleur ! Nous les réunissons à l’occasion d’ateliers ou de l’annonce des gagnants et ils sont 80 à ce jour.

Quelles sont vos perspectives pour la suite, et quelles sont vos envies ?

Ce qui me rend particulièrement heureuse, moi qui suis empreinte de liberté et n’aimant pas particulièrement que l’on ait besoin de moi, c’est de constater que ce dispositif fonctionne aujourd’hui sans moi ! Les interactions se créent naturellement entre les participants lors des événements que l’on a voulus chaleureux et authentiques, les connexions se font sur la plateforme en fonction de leurs centres d’intérêt et de leurs problématiques et l’équipe que j’ai constituée (bien meilleure que moi dans bien des domaines) gère le média, le concours et les événements. J’ai donc aujourd’hui la chance de me consacrer à ce que je préfère : le déploiement des partenariats stratégiques ainsi que la conception des événements à venir.

Nous sommes 4 et n’avons pas l’ambition de grossir ou de franchiser le modèle sur d’autres départements, bien qu’ayant reçu de nombreuses sollicitations. Si cela devait se faire, je fais confiance à la synchronicité !

Vous semblez bouillonnante d’idées, avez-vous toujours la même motivation pour la suite ?

Garder le plaisir de venir chaque matin au bureau, être à l’écoute de ce territoire sans cesse et de ses talents afin de leur proposer des services utiles à leur projet, c’est ma priorité. Oui, je fourmille d’idées pour nourrir mon hyperactivité chronique qui malgré la quarantaine arrivant ne semble pas ralentir …

Je suis profondément émerveillée de ces centaines de personnes qui ont embarqué dans l’aventure des Fondus depuis 4 ans et je les en remercie sincèrement ! Je ne sais que vivre dans l’instant présent alors l’avenir nous dira où cela me mènera …

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