Je m’appelle Bénédicte Daudin. Mes parents ont posé leurs bagages à Saint Julien-en-Genevois lorsque j’avais 18 mois. Eux sont repartis quelques années plus tard, moi je n’en ai plus bougé. Enfin, presque pas si on enlève les 3 années d’étude à Grenoble dans le secteur social. 

Quel a été votre parcours ? 

A la fin de mes études, en 2002, j’ai intégré un peu par hasard l’éducation nationale dans la voie professionnelle. Professeur, j’ai formé des élèves pendant près de 20 ans dans le domaine de la restauration collective et l’entretien des locaux. Au cours de mes 2 dernières années d’enseignement, je pensais de plus en plus à me lancer dans l’entrepreneuriat. Si le support d’activités changeait au fil du temps, une envie récurrente revenait sans cesse : travailler sous forme d’entreprise adaptée. J’en avais assez de former des élèves porteurs de handicaps, de les voir progresser sans que le milieu professionnel leur donne une chance. Je voulais construire une passerelle entre ces mondes car je suis convaincue qu’on a tous à y gagner.

En septembre 2021, sur un coup de tête et avec l’accord de ma petite famille, j’ai posé une disponibilité pour passer à l’action : à 42 ans, c’était maintenant ou jamais pour me lancer ! J’ai donc créé la plonge s’adapte. C’est une structure de l’Economie Sociale et Solidaire agréée Entreprise Adaptée (55% de travailleurs porteurs de handicap).

En quoi consiste-t-il ?

La plonge s’adapte est la première unité de lavage multi-contenants alimentaires en Haute-Savoie. Convaincus que le réemploi a un impact bien plus fort que le recyclage, notre objectif est de faciliter la réutilisation de contenants alimentaires auprès des professionnels du secteur de la restauration. Pour se faire, nous proposons des prestations de lavage, collecte et stockage. Nous sommes capables de traiter plus de 6 000 contenants par jour.

Polyvalents, nous prenons en charge tous types de contenants (verre, plastique ou inox). Face à l’augmentation de près de 20% du prix de verre en 2022, nous proposons aux conserveries ou aux producteurs la possibilité de réutiliser leurs pots plutôt que de les acheter. Face à l’évolution du contexte réglementaire et à la réduction des dépenses énergétiques, nous proposons aux restaurants, cuisine centrale et fastfood de prendre en charge le lavage de leurs contenants. Dans un but pratique, nous proposons également aux festivals et associations le lavage de gobelets en plastique (type éco-cup).

Face au réchauffement climatique, nous nous sommes posés en structure de proximité. Pour réduire notre empreinte carbone, notre service de collecte ne s’adresse qu’à des structures situées à moins de 100 km de notre lieu d’implantation (Neydens). En somme, la plonge s’adapte souhaite être au service de l’environnement et des Hommes.

Depuis combien de temps existe-t-il ?

Entre septembre et décembre 2022, nous avons aménagé nos locaux en leur refaisant une beauté plus que nécessaire : on ne passe pas d’un atelier de mécanique à une unité de lavage qui doit respecter des normes strictes en matière d’hygiène ! Nous sommes maintenant en ordre de marche depuis la mi-janvier. Notre premier salarié porteur de handicap est arrivé mi-février. Après avoir été formé, il est maintenant prêt à en découdre avec les contenants réutilisables !

Quels ont été les challenges depuis sa création jusqu’à aujourd’hui ?

La plonge s’adapte c’est un triple challenge :

– Un challenge personnel : quitter une situation professionnelle stable, confortable et toute tracée pour aller vers l’inconnu. Avancer petits pas par petits pas et ne pas paniquer.

– Un challenge environnemental : miser sur le réemploi qui est un concept dans l’air du temps mais qui peut prendre du temps à se mettre en place, qui dépend de la volonté des industriels et des producteurs dans sa mise en œuvre.

– Un challenge social : recruter et miser sur les compétences de personnes en situation de handicap. 

Ces 3 challenges sont en partie relevés. Je suis gérante d’une entreprise, l’unité de lavage est installée et nous sommes agréés entreprise adaptée. Le challenge restant est de faire vivre le projet avec nos futurs clients.

Quels sont aujourd’hui vos besoins pour aller plus loin ?

Aujourd’hui, notre marché en émergence dépend du passage au réemploi de la part des entreprises qui se lancent plus ou moins rapidement. La transformation des contacts est longue et le temps est précieux car la trésorerie n’est pas immortelle. Dans cette course contre la montre, nous avons besoin d’activer les réseaux, de faire connaître cette activité innovante sur le territoire pour espérer avoir des volumes à laver rapidement qui nous permettraient d’assurer la pérennité de la laverie. 

Comment avez-vous connu le Rezo des Fondus ? En quoi ce concours « Les Fondus ont du Talent » peut-il être utile pour le développement de votre projet ?

Totalement par hasard ! Au détour d’une recherche internet pendant mon étude de marché, j’ai découvert ce Rezo. J’avais pris contact pour diffuser un questionnaire. La réponse et le contact avaient été chaleureux, de quoi me pousser à m’inscrire à la newsletter et à surveiller régulièrement les nouvelles !

Une communication locale et visible en accord avec les valeurs du projet tout en essayant de convaincre des professionnels de la restauration à sauter le pas pour se lancer dans le réemploi ! La partie rencontres, échanges sera également très importante… à condition que j’arrive à me sortir la tête du guidon ! Dans tous les cas, le dispositif Les fondus ont du talent m’aura déjà apporté une chose : découvrir de beaux projets locaux ! Et je sais que les échanges qui suivront seront pleins de bon sens et enrichissants.

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