Laure Dellamonica, biologiste médicale, est la fondatrice de Biologie e-learning, un organisme qui dispense des formations médicales pour les professionnels de santé via une plateforme de e-learning pour accompagner l’évolution des métiers de santé. Rezo des Fondus l’a rencontrée dans ses bureaux à Annecy le Vieux.


Portrait réalisé par Aude Pollet Thiollier, rédactrice et contributrice pour le MAG’ des Fondus


La biologie en héritage

Annécienne d’origine, cette maman de 3 enfants est issue d’une lignée de biologistes et pharmaciens (une mère directrice d’un laboratoire à La Roche sur Foron, un père à la tête du laboratoire des Carrés à Annecy et un grand-père pharmacien qui jouait les apprentis sorciers dans sa pharmacie à Chalon sur Saône), le destin de Laure Dellamonica n’était pourtant pas pour elle une évidence. Mais probablement que les gènes ont repris le dessus et Laure a finalement été rattrapée par le virus familial. C’est ainsi qu’elle entame des études en Pharmacie. Onze années au total – pas exactement une promenade de santé – passées entre Lyon, Marseille, le Burkina Faso (où elle travaille pendant 1 an dans un centre de recherche sur le VIH), un DEA en biologie médicale, une année de recherche à l’Institut Pasteur de Phnom Penh au Cambodge, une spécialisation en microbiologie au centre hospitalier du Pays d’Aix (Aix en Provence)… Elle poursuit sa carrière dans des laboratoires privés, jusqu’à son dernier poste de biologiste, responsable du secteur Virologie, à l’Etablissement Français du Sang à Annecy… avant de faire le grand saut de l’entreprenariat.

Vous créez Biologie e-learning en 2015. Racontez-nous la genèse de ce projet.

L’idée a germé progressivement dans mon esprit alors que j’étais en poste à l’Etablissement Français du Sang. J’avais occupé plusieurs postes à responsabilités dans différents organismes de santé publics ou privés et il me semblait qu’il était temps de passer à autre chose. J’ai éprouvé le besoin de créer, de me lancer dans l’aventure de l’entreprenariat, auquel je ne connaissais pourtant rien. Je ne savais même pas ce qu’était un chiffre d’affaire ! J’ai bénéficié d’un congé pour création d’entreprise, investi mes fonds personnels (10 000 €) et pour le reste, j’ai tout appris sur le tas. Je me suis beaucoup formée seule grâce à Internet et aux conseils bienveillants de mon entourage.

Pourquoi une plateforme de e-learning à destination des professionnels de santé ?

Il s’agissait de répondre à un besoin. Les métiers de santé évoluent. Il y a un transfert de compétences du médecin vers les professionnels de santé que sont les biologistes de laboratoires, les pharmaciens et les infirmières. Ceci, dans un souci de réduction de coûts d’une part, mais également pour fluidifier le parcours de soin et gagner ainsi en rapidité et en efficacité. Une tendance qui s’accélère avec les différents projets de lois du gouvernement qui s’inscrivent dans le cadre de la Loi Santé, affichant clairement la volonté de déléguer de plus en plus d’actes médicaux. Citons l’exemple des pharmaciens d’officine qui ont de nouvelles missions (vaccin anti-grippe, streptotest angine à partir de janvier 2020) pour lesquelles ils vont devoir se former. Et le phénomène s’accélère. Il y a donc un marché émergent dans la formation de ces professionnels, d’autant qu’ils ont depuis peu une obligation de formation continue tous les 3 ans. Bien sûr, des formations de qualité existaient déjà, mais elles étaient relativement coûteuses, se faisaient principalement en présentiel et ne collaient pas suffisamment aux évolutions des métiers de la santé. D’où l’idée d’utiliser le digital pour ces formations. Aujourd’hui, plus de 20 programmes de formations, tous agrées, sont dispensés par Biologie e-learning.

Vous parlez de mobile learning au service de la biologie mobile. Pouvez-vous préciser le concept ?

Cela veut tout simplement dire que mes formations sont accessibles depuis n’importe quel Smartphone, ce qui convient parfaitement aux infirmières qui sont toujours en déplacement. Elles peuvent se connecter à tout moment de la journée. Les supports pédagogiques sont spécialement adaptés, avec des vidéos courtes par exemple. Proposer des formations courtes en étant hyper réactive pour répondre aux évolutions constantes des métiers de santé est indéniablement un de mes atouts majeurs.

Comment avez-vous connu le Rezo des Fondus ?

Tout simplement grâce à une amie qui a assisté à la soirée de lancement du 9 octobre et qui m’en a parlé. Malheureusement je n’avais pas connaissance de l’existence de ce réseau à l’époque !

Le dispositif soutient les jeunes entreprises de moins de trois ans. Votre projet peut-il y prétendre ?

Oui, les premiers programmes de formation que j’ai développés étaient exclusivement destinés aux techniciens de bactériologie de laboratoire, un marché de niche qu’il fallait élargir. La santé est un secteur en mutation qui nécessite de se réinventer et qui ouvre la voie à des projets innovants sur lesquels je me positionne en pionnière. Pour revenir au Rezo des Fondus, j’aime l’idée de raconter l’histoire qui se cache derrière un projet. Et l’idée de la vidéo me séduit énormément.

Quelle formation avez-vous développé récemment ?

Dès janvier 2020, une expérimentation va être lancée pour le suivi des patients souffrant d’une pathologie chronique. Par une délégation de tâches, le médecin pourra rédiger un protocole à l’infirmière pour lui permettre d’assurer le suivi et d’adapter la posologie du patient en temps réel. Une prise en charge immédiate qui, en plus de réduire les coûts, permettra de diminuer le nombre d’hospitalisations évitables, d’augmenter l’accès aux soins, et de réduire le parcours de soins actuel (6 à 12 heures) à 15 minutes ! Un laboratoire de poche a été conçu par un physicien grenoblois et j’ai déjà mis au point la formation adéquate…avant le début de l’expérimentation ! Un marché potentiel de 100 000 infirmières à former. D’autres suivront.

Pourquoi candidater au dispositif « les Fondus ont du Talent » ?

Après une phase essentiellement consacrée au développement et à la création des ressources pédagogiques, j’ai besoin aujourd’hui de faire savoir mon savoir-faire, de communiquer sur mon activité et de développer mon réseau et ma clientèle. J’ai appris à m’appuyer sur les réseaux sociaux, à gérer mon site Internet, à décrypter les rouages du référencement et de Google Ads. Depuis peu, je suis secondée pour le démarchage commercial. Mais les besoins vont s’accroître avec le développement de mon activité et il est primordial que je continue à me consacrer à ce qui fait ma valeur ajoutée : le développement des formations, le  tutorat pédagogique et l’animation de la plateforme.

La rencontrer et la soutenir

Laure est présente à la 1ère édition des Soirées des Fondus le 5 décembre prochain à la Clusaz et pitche devant les 200 participants.

Pour en savoir plus : www.biologie-elearning.fr/
Pour la contacter via le Rezo, c’est ici !

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